samedi 5 décembre 2015

DESTRUCTION DES CORAUX: LE SILENCE DES CANDIDATS...

Seuls Nou Pèp La et Ba Peyi-a An Chans ont choisi de prendre position concernant le scandale écologique de la destruction programmée des récifs coralliens de la Grande Sèche. Les autres candidats ont préféré ignorer notre appel. Au delà du devenir de ce joyau du patrimoine naturel de la Martinique, cette expérience permet de tester notre classe politique: qui se soucie vraiment de l'environnement ? Qui a le courage de prendre position pour le protéger ?


Parce que le crime environnemental programmé qu'est le projet de destruction des coraux de la Grande Sèche était absent du débat électoral, nous avons envoyé une carte postale et un mail à chacune des listes à la mi-novembre. Après une relance le 30 novembre, nous n'avons reçu que deux réponses sur neuf cartes postales. Voici ces deux réponses et notre avis pour chacune d'entre elles.

Réponse de Ba Peyi-a An Chans: « Ba Peyi-a an Chans est un groupe qui privilégie la concertation »




La première réponse que nous avons reçu est celle de la liste conduite par Yann MONPLAISIR dans laquelle le concertation est la solution privilégiée afin de concilier préservation de l'environnement et développement économique:

 "Parce que le groupe Ba Peyi-a an Chans est un groupe qui privilégie la concertation nous envisageons de:
·   Nous rapprocher des autorités compétentes afin de connaitre leurs projets alternatifs à ce concassage de récifs coralliens.
·    Discuter avec les acteurs associatifs et citoyens, mais aussi des experts sur les alternatives possibles pour inscrire les projets de développement dans une dynamique durable.
« Ba péyi a an chans », se veut, une passerelle incontournable permettant de trouver un compromis raisonnable entre la préservation essentielle de notre Patrimoine naturel et le développement nécessaire à l’épanouissement de notre île et de sa population."
(courrier complet)

Notre avis: Lorsqu'il s'agit de projets importants de par leur ampleur ou leurs impacts, la concertation et/ou le débat avec les associations et les citoyens est une étape fondamentale au stade de la conception du projet, c'est-à-dire avant que les choix importants aient été effectués.
Ceci dit, dans la mesure où les coraux jouent un rôle fondamental dans l'équilibre naturel et que leur état soit suffisamment inquiétant pour que l'ONU décide d'alerter les Etats de la Caraïbe sur une probable disparition de cet écosystème dans notre région d'ici 20 ans, nous considérons qu'utiliser des coraux comme source de gravier gratuit est aberrant tant sur le plan environnemental qu'économique. Utiliser les coraux comme source de matériaux n'est pas une option.
En d'autres termes, un projet comportant la destruction de récifs coralliens (espèces protégées à la Martinique), alors qu'elle peut être aisément évitée, ne devrait tout simplement pas voir le jour, et ne peut donc faire l'objet de concertations.

Réponse de Nou Pep La: « aucun projet ne doit justifier la destruction de notre écosystème marin »




Dans son courrier, Marcellin NADEAU, leader de Nou Pèp La affirme avec plus de fermeté sa position pour la protection de l'environnement et souligne l'absurdité de cet « écocide »:

« J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de m’exprimer sur cette opération que je trouve pour ma part dangereuse, aberrante et scandaleuse. La liste Nou Pèp La que j’ai l’honneur de conduire réaffirme l’absurdité d’une telle action et précise qu’aucun projet ne doit justifier la destruction de notre écosystème marin ou de tout autre écosystème. »

Notre avis: Nous partageons cette opinion. En revanche, nous n'avons pas suffisamment entendu ce son de cloche durant la campagne. Il aurait été préférable que ce mouvement politique évoque plus souvent et d'une façon plus forte ce sujet, de façon à l'imposer dans les débats.

La destruction de la Grande Sèche: un sujet tabou
Nous regrettons le silence des 7 autres listes candidates à la CTM sur une problématique environnementale concrète dont la responsabilité est locale et non globale comme celle du changement climatique.
Comment prétendre à la gestion d'une île à la biodiversité remarquable sans même se prononcer sur la destruction programmée d'un joyau de son patrimoine naturel ?
Mais ne soyons pas naïfs, ce silence ne cache pas nécessairement de l'indifférence, il peut s'agir d'un manque d'indépendance face à un projet porté par l'État et qui profite à des groupes puissants...
Aussi nous sommes étonnés du silence de certaines listes qu'on aurait pu penser plus libres dans leurs prises de position...

C'est pourquoi nous saluons Marcellin NADEAU et Yann MONPLAISIR pour avoir pris position sur ce sujet quasiment verrouillé médiatiquement, c'est-à-dire avoir fait preuve du courage et du sens du devoir que nécessite l'engagement politique.

Nous ne désespérons pas que la Martinique ait un jour des médias pertinents et indépendants, et une classe politique dont l'intérêt principal est le bien-être actuel et futur de ses habitants.



DESTRUCTION DES CORAUX: LA RÉACTION DE Y.MONPLAISIR

En réponse au courrier envoyé par carte postale et courrier électronique à la mi-novembre, puis à la relance effectuée le 30 novembre, voici la réponse de Ba Peyi-a An Chans, mouvement mené par Yann MONPLAISIR:



Cher Collectif,

Tout d’abord je tiens à vous présenter mes excuses personnelles pour notre délais de réponses imputables à ma négligence. Ci-joint quelques mots vous expliquant la position du groupe.
L’environnement se veut d’évidence au centre de nos vies et est précisément d’actualité aujourd’hui…
Partout dans le monde se déroulent des manifestations de soutien à la COP21. Certains de nos éminents compatriotes s’y exprimeront, pour faire entendre leurs avis sur la question.
Cependant, il est vrai que le réchauffement climatique n’est pas à lui seul responsable de l’élévation du niveau des mers. L’objectif de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C est donc important, mais pas exclusif.
Le groupe « Ba péyi-a an chans » est conscient, à plus d’un titre, des atouts du patrimoine naturel Martiniquais. Singulièrement, la baie de Fort-de-France bénéficie d’une biodiversité exceptionnelle qui demeure encore sous estimée et parfois méconnue du plus grand nombre.
En effet, avec plus de 400 espèces différentes y résident, parmi lesquelles la quarantaine d’espèces de coraux représentant à elles seules la plus grande partie de la biodiversité des coraux de Martinique, le mérou de Nassau, l’un dès rares prédateurs connu du Poisson Lion qui dévaste nos fonds marins. Mais aussi des biotopes uniques en Martinique issues des trois mangroves qui convergent vers cette baie.
Il nous semble donc important de protéger et valoriser au mieux ce bien.
Parce que le groupe Ba Peyi-a an Chans est un groupe qui privilégie la concertation nous envisageons de:
·   Nous rapprocher des autorités compétentes afin de connaitre leurs projets alternatifs à ce concassage de récifs coralliens.
·    Discuter avec les acteurs associatifs et citoyens, mais aussi des experts sur les alternatives possibles pour inscrire les projets de développement dans une dynamique durable.
« Ba péyi a an chans », se veut, une passerelle incontournable permettant de trouver un compromis raisonnable entre la préservation essentielle de notre Patrimoine naturel et le développement nécessaire à l’épanouissement de notre île et de sa population.
Nous restons à votre écoute pour approfondir cette question ou pour tout échange ultérieur sur le sujet
Bien cordialement,

Taha FRANCOIS

Directrice de campagne

DESTRUCTION DES CORAUX: LA RÉACTION DE M. NADEAU

En réponse au courrier envoyé par carte postale et courrier électronique à la mi-novembre, puis à la relance effectuée le 30 novembre, voici la réponse de Mr Marcellin NADEAU, tête de liste de Nou Pèp La:



Prêcheur,
le 24 novembre 2015,

Marcellin NADEAU
à Grande Sèche

Mesdames, Messieurs,
Dans le cadre de la prochaine élection à la CTM, vous avez bien voulu m’interpeller sur le projet d’extension du port de Fort de France dont les responsables prévoient de détruire les récifs coralliens pour en faire du remblai.
J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de m’exprimer sur cette opération que je trouve pour ma part dangereuse, aberrante et scandaleuse. La liste Nou Pèp La que j’ai l’honneur de conduire réaffirme l’absurdité d’une telle action et précise qu’aucun projet ne doit justifier la destruction de notre écosystème marin ou de tout autre écosystème.
Bien évidemment, si nous sommes élus, nous ferons tout pour arrêter ce véritable écocide et nous contribuerons à la mobilisation du peuple, chaque fois qu’il s’agira de dénoncer et de s’opposer à de tel projet.
Sincères salutations écologistes.
Nou Pep La

Marcellin NADEAU

mercredi 2 décembre 2015

LES CORAUX S'INVITENT DANS LE DÉBAT ! LA RELANCE

Parce que nous n'avons pas eu de réponse officielle en date du 30 novembre 2015 aux cartes postales adressées à chacune des listes candidates, voici le mail de relance que nous avons envoyé aux différentes listes. Nous avons souligné le rôle des coraux dans la protection du littoral.
En rapport avec l'actualité, nous rappelons que l'érosion des côtes martiniquaises a débuté bien avant le réchauffement climatique et que la santé des coraux et la gestion de prélèvement des matériaux (sables,...) sont des éléments primordiaux pour traiter cette question.

Cartes postales envoyées à toutes les listes candidates. En date du 30 novembre 2015, aucune réponse n'a été reçue.

"Bonjour,
Ne vous sentez-vous pas concerné par le devenir des coraux entourant la Martinique ?
Les images de la plage des Salines ne vous ont certainement pas laissé indifférent. Malheureusement, cette plage n'est pas le seul site touché par l'érosion des côtes; entre 1955 et 1994, le littoral martiniquais a perdu une vingtaine de mètres en moyenne sur 90 km !

Extrait de la page web de Martinique1ère.  Bien que le réchauffement climatique joue un rôle dans ce phénomène, d'autres facteurs sont à explorer tels que le prélèvement de sédiments en amont et la santé des coraux.
Et le réchauffement climatique responsable de l'élévation du niveau de la mer n'est pas la seule cause, ni même la première. Deux autres causes primordiales de ce phénomène inquiétant sont directement liées à l'activité des Martiniquais et doivent être rappelées:
- le piètre état de nos récifs coralliens, fragilisés par la pollution des eaux ou tout simplement arrachés et concassés par les autorités pour en faire du gravier à des fins de construction, malgré leur statut d'espèces protégées
- le prélèvement de sable, au niveau des rivières, censé alimenter le littoral, toujours à des fins de construction 

Il apparaît donc que l'érosion du littoral et la destruction des coraux organisés par les services de l'Etat résultent tous les deux:
- d'une non-prise en compte de l'importance des récifs coralliens
- et de prélèvements et destructions irréfléchis de ce qui peut être utilisés comme matériaux de construction (sable et coraux), car, pour beaucoup, les ressources environnementales sont considérées comme gratuites et infinies !

Par ailleurs, comment pouvez-vous ignorer la question des récifs coralliens en pleine COP 21 ?
Les coraux, en captant le CO2 responsable de l'augmentation de la température et en protégeant les côtes menacées par la montée des eaux, agissent à la fois sur la cause et une conséquence du dérèglement climatique.

Protéger les coraux est donc primordial pour affronter le réchauffement planétaire.
Dans un tel contexte, trouvez-vous acceptable qu'une autorisation d'arracher  13.7 ha de récifs coralliens riches d'une biodiversité unique à la Martinique et de les concasser pour en faire du gravier destiné aux travaux portuaires soit toujours en vigueur ?
Notre classe dirigeante, dont vous faites déjà partie ou que vous aspirez à intégrer, a-t-elle compris les enjeux environnementaux auxquels la planète est confrontée ?

Vous ne pouvez sérieusement prétendre à diriger notre île à l'environnement si riche, mais si fragile, sans traiter cette question. C'est pourquoi nous prolongeons le délai de réponse, la date-butoir est repoussée du 01 décembre au 03 décembre 2015.


La Martinique est belle. Protégeons-la !

Salutations de Martiniquais et de Citoyens du monde,
Le collectif Préservons le patrimoine Naturel de la Baie de Fort-de-France !"

Nous vous tiendrons informés des réponses éventuelles !
A bientôt !

mercredi 18 novembre 2015

LES CORAUX S'INVITENT DANS LE DÉBAT!

13 ha d'une biodiversité exceptionnelle sont toujours menacés et, bien que chacun y va de sa tirade sur l'importance de la biodiversité et du développement durable, aucun candidat n'aborde ce sujet ! D'ailleurs, aucun journaliste ne les interroge au sujet de ce scandale écologique. Alors, nous avons décidé d'inviter les coraux dans le débat !


Les coraux ignorés par les candidats
La campagne bat son plein dans un contexte de changement institutionnel historique et les esprits s'échauffent. La protection de l'environnement est devenu un sujet incontournable. Alors tous ont la fibre écologique. Chacun vante la richesse de la biodiversité martiniquaise...Et les coraux actuellement menacés par le Port ? Rien ! Pas une phrase, ni même une ligne !

De belles paroles...mais quelles décisions ?
La préservation de la biodiversité fait l'objet de nombreux discours d'intention, de colloques, de longues et belles tirades, et même de dispositif comme Martinique Île Durable...Mais dans les prises de décisions concrètes qu'en est-il ?
Eh bien, nous sommes dans une île à la biodiversité exceptionnelle où pour éviter d'acheter des matériaux, on décide de détruire les récifs coralliens les plus proches, tant pis s'ils hébergent une diversité biologique exceptionnelle qui devrait être étudiée ! Et, au lieu de traiter les boues polluées pour qu'elles soient transformées en matériaux, on en fait une mangrove artificielle au chlordécone. Qui est partant pour un matoutou de crabe de mangrove au chlordécone ?
Grâce à la mobilisation, la première partie des travaux a été effectuée sans détruire de coraux, ni créer de mangrove artificielle. Il a même été annoncé que la deuxième partie des travaux se ferait sans détruire les coraux, tout en maintenant le projet de mangrove artificielle. Cependant, rien n'est officiel....


Les coraux s'invitent dans le débat
Face à cette absence d'engagement, nous avons décidé d'écrire aux têtes de liste, nous verrons bien qui répondra. Nous leur avons donc adresser une carte postale illustrée de quelques merveilles sous-marine des récifs coralliens de la Grande Sèche (voir ci-dessous).


On publiera fidèlement toutes les réponses qui nous seront parvenues avant le 1er décembre. Qui aura le courage et l'indépendance (par rapport aux lobbys) de répondre ?
La mobilisation porte ses fruits ! Continuons à signer et faire signer la pétition !

samedi 24 octobre 2015

LES FUGITIFS DE LA CONCERTATION

La mobilisation a permis de modifier la première phase des travaux pour le respect de l'environnement (pas de destruction de coraux, pas de mangrove artificielle). Pour la deuxième phase, il fallait attendre les résultats d'études supplémentaires prévus en juin 2015 . Mais depuis... rien !! Pourquoi Serge Letchimy qui est chargé des concertations, le Préfet et le Directeur du Port fuient-ils la concertation ?


Une première phase sans danger pour l'environnement
Suite à la mobilisation contre la destruction des coraux, les autorités (Région, Préfecture et Grand Port) ont choisi de réaliser lapremière phase sans massacrer les coraux, ni draguer, ni créer demangrove artificielle,... C'est la preuve que le port peut être agrandi sans détruire les coraux !
Page du site web du Grand Port

Modifier cette première phase a permis le rejet de notre demande de suspension par la Justice. Car pour suspendre des travaux, il faut que les conditions d'illégalité et d'urgence soient réunies. En renonçant à détruire les coraux dans l'immédiat, c'est-à-dire courant 2015, ils ont échappé à la suspension des travaux.
Extrait du verdict rejetant la suspension. Notons que la condition d'illégalité n'est pas discutée !

Et pour la deuxième phase ?
La deuxième phase est la plus importante (9 ha contre 3 ha pour la première phase). Le Directeur du Port nous avait affirmé que cette extension serait réduite de 9 à 3 ha, mais aucun document officiel ne l'atteste...Pawol an bouch pa chaj...
Le choix des modalités de la deuxième phase dépendait, selon le Grand Port, d'études supplémentaires qui étaient censées être terminées en juin 2015.
En juin, nous avons été informés que les études avaient du retard et que les résultats seraient prêts pour septembre.
En septembre: pas de nouvelles...
En octobre: le directeur du grand Port est en déplacement hors du département...
Novembre , c'est demain...
Et 2016 arrive à grands pas.

Pourquoi fuir la concertation ?
Peut-être parce que le verdict ne leur permet pas de détruire les coraux en 2015. Mais le champ est libre pour massacrer l'environnement en 2016 !! Peut-être jouent-ils simplement la montre ?
Extrait du verdict rejetant la suspension. Ce verdict permet le prélèvement de "matériaux sous-marins" en 2016 .
C'est pourquoi nous devons rester mobilisés et signer la pétition !

Nous avons déposé deux requêtes: une annulation et une abrogation. Le combat continue...

A PARTAGER SANS MODÉRATION !! 







dimanche 30 août 2015

LA MARTINIQUE ORGANISE-T-ELLE SECRÈTEMENT LA DESTRUCTION DE SES CORAUX ?

17 ha de récifs coralliens arrachés entre 1999-2002, 13 ha du même banc récifal actuellement menacés, une expression subtile dans le nouveau SDAGE qui permet la destruction de la majorité des récifs coralliens de Martinique...Difficile de croire à de simples coïncidences. Les autorités de Martinique (île durable ?) ont-elles décidé de piller en secret le biopatrimoine martiniquais?
Une série de faits porte à croire que les autorités martiniquaises ne font pas la différence entre une patate de corail et une vulgaire roche.

Épisode 1: 17 ha de récifs coralliens détruits !
Pour réaliser la première extension en 1999-2002, 17 ha de la caye (= banc récifal) de la Grande Sèche sont « prélevés », soit 1,3 millions de m3. Malgré l'arrête préfectoral interdisant l'arrachage des coraux à la Martinique et l'absence d'autorisation de prélèvement de matériaux relatif au Code Minier (la caye de la Grande Sèche n'a jamais été classé comme une carrière), c'est-à-dire en toute illégalité.

A mesure que le port s'agrandit, les récifs coralliens de la Grande Sèche sont détruits car considérés comme matériaux de construction gratuits
Épisode 2: 13 ha de récifs coralliens menacés !
En 2013, le Préfet autorise la destruction de 13 ha sur 6 m de profondeur, soit 800 000 m3, de la même caye, celle de la Grande Sèche. Dans le dossier de demande d'autorisation, la caye de la Grande Sèche apparaît comme un milieu dégradé (« sables, sablo-vaseux, zones rocheuses ou patates coralliennes isolées et souvent dégradées »), ne comportant qu'une espèce vulnérable.

Leurs études n'ont pas permis de mettre à jour la remarquable biodiversité de la caye de la grande Sèche, soit 410 espèces différentes dont 81% de la biodiversité en coraux de la Martinique, 3 espèces « vulnérables » et 3 espèces « en danger », la présence de monuments coralliens de plusieurs tonnes,...

Un jardin corallien de la caye de la Grande Sèche
Cette richesse biologique fut révélée ultérieurement durant l'inventaire rapide menée par une équipe de chercheurs de l'Université des Antilles. Comment cette richesse biologique a-t-elle pu passer inaperçue aux équipes de recherche mandatées par la DEAL (le service environnement de la Préfecture) ? Les études de la DEAL sont-elles fiables ? D'autant plus que le projet a été porté par ce service jusqu'au 1er janvier 2013, date de création du Grand Port Maritime de la Martinique qui reprendra le projetLa DEAL a-t-elle traité ce dossier en toute impartialité ?

Épisode 3: la rédaction du SDAGE, plus de 60% des coraux sans protection !
Le SDAGE, Schéma Directeur de l'Aménagement et de la Gestion de l'Eau, document rédigé tous les 6 ans, énonce les orientations fondamentales de gestion de l'eau dans chaque bassin selon les principes énoncés dans une directive européenne, la Directive Cadre Eau. 

Dans le projet du SDAGE 2016-2021 rédigé par la DEAL figure une expression dont seul un spécialiste pouvait réellement apprécier la portée, « récifs bioconstruits » pour désigner les coraux. Cette expression exclut la majorité des coraux à la Martinique, elle ne désigne que les coraux organisés en récifs. Or la plupart des coraux sont regroupés en banc récifal (caye), sur des cailloux,...La remarque leur ayant été faite par e-mail et voie postale, nous serons vigilants aux suites qui lui seront données...

Pour mettre fin à ce mauvais feuilleton, vous pouvez signer et faire signer cette pétition.


En Ba Fey! (en français: en cati mini, en douce)


Bien qu'étant de grande am-pleur, ces méfaits sont ac-complis en toute discrétion (mais aussi en toute impunité !)

1- Peu de gens étaient au courant de la destruction de 17 ha du banc récifal de la Grande Sèche, entre 1999 et 2001. Même les instances chargées de la gestion du milieu marin n'ont vraisemblablement pas été mises au courant. En 2011, la Baie de Fort-de-France s'est même vue distinguée en accédant au Club des plus belles baies du monde pour ...la gestion de sa biodiversité remarquable ! Un comble !

2- Concernant le projet de destruction autorisé en octobre 2013, idem. Peu de gens ont été informés, voir consultés. Et c'est en apprenant la destruction programmée de 13 ha de récifs coralliens que la CACEM (communauté d'agglomération du centre de de la Martinique), membre du comité de Bassin, a dépêché en urgence une équipe de chercheurs en mai 2014. Suite à la découverte de cette biodiversité, une mobilisation fin juin 2014 a donné naissance au Collectif à l'origine de ce blog...

Ces différents éléments laissent penser que les autorités veulent transformer des monuments de notre patrimoine naturel en vulgaires carrières pour un projet dont l'intérêt général est loin d'être prouvé...

Car, à la question environnementale s'ajoute celle du développement économique: quel projet de développement amène à détruire des coraux pour agrandir un port visiblement sous-utilisé ? Certainement pas un projet de développement durable...et transparent.

dimanche 9 août 2015

LES CORAUX, UNE BARRIERE NATURELLE CONTRE LES TSUNAMIS

Le Kick'em Jenny nous a rappelé la vulnérabilité de la Martinique face aux tsunamis. Mais saviez-vous que 90% de l'énergie des vagues pouvaient être absorbés par les récifs coralliens et 60% par les mangroves ? Pour se prémunir contre les tsunamis et la houle cyclonique, il est est primordial de préserver les protections naturelles que sont les mangroves et les récifs coralliens.

A gauche: Inondations à Sainte-Lucie en 2013, à droite: récif corallien de l'archipel de Tuamotu (Polynésie française)

La Martinique, terre d'inondations
De par sa position géographique, la Martinique est coutumière des inondations qu'elles soient dues à des débordements de cours d'eau en période de fortes précipitations ou encore à des submersions marines (=inondations d'origine marine) pouvant être engendrées par des ouragans ou, plus rarement, des séismes (tsunamis).
La carte ci-dessous présentent les inondations importantes qu'a connues la Martinique dans son histoire récente.

Carte présentant les inondations remarquables de la Martinique (Evaluation préliminaire des risques d'inondation, 2011)
Fort-de-France, un bassin de population menacé
Le Plan de Gestion des Risques d'Inondation (Egis Eau) désigne la zone Fort-de-France/Lamentin comme le principal Territoire à Risque important d'Inondation. De plus, selon l'Evaluation Préliminaire des Risques d'Inondation (DEAL Martinique), Fort-de-France comporte la zone vulnérable au submersion marine, la plus densément peuplée. Ainsi, 4000 Foyalais (= habitants de Fort-de-France) habitent une zone où la menace d'une inondation par la mer est importante, les quartiers de la Savane et Volga Plage sont les plus concernés par ce risque. Une large partie du centre-ville connaît des inondations d'origine marine durant les dépressions importantes.

Nombre d'habitants dans les zones potentiellement inondables par la mer (Evaluation Préliminaire des Risques d'Inondation, 2011). La localisation de la Grande Sèche a été ajoutée par le blog.
Certains vous diront qu'une partie importante du centre-ville et quelques quartiers de Fort-de-France auraient été construits sur des mangroves remblayées et que ceci explique peut-être cela...

Les coraux, une protection contre les inondations provenant de la mer
La nature étant (généralement) bien faite, la baie de Fort-de-France comprend de nombreuses zones tampons qui la protègent de la houle: les mangrove et les récifs coralliens. Elle compte les 2/3 des mangroves de l'île et nombre important de cayes (= banc de récifs coralliens) dont celle de la Grande Sèche menacée par les autorités. Les récifs coralliens joue un rôle fondamental dans la protection des côtes. « Ainsi, selon le PNUE [ndlr: Programme des Nations-Unis pour l'Environnement], un récif corallien caractéristique pourrait-il absorber 90 % de la force d'impact d'une vague, protégeant ainsi le littoral et les infrastructures contre l'érosion et les dégâts, tandis qu’un kilomètre carré de récifs coralliens préviendrait annuellement contre l’érosion de 2 000 mètre-cube de littoral.» (source: La préservation des écosystèmes coralliens : principaux aspects scientifiques, institutionnels et socio-économiques, Ministère de l'Ecologie).

Cette illustration montre comment des récifs coralliens sains protègent la côte de la force de la houle

Coraux contre tsunami: le cas de la Polynésie

Le tsunami le plus important qu'aient connu les îles de Polynésie (en 1945) a fait plusieurs victimes et causé des dégâts très importants sur les îles Marquises. Alors que les îles de Tuamotu n'ont déploré aucune perte humaine et des dégâts matériels moins importants. Cette différence s'explique en partie par la présence de coraux protégeant les îles Tuamotu, alors que les récifs coralliens des îles Marquises ont quasiment disparu.
Des observations similaires au sujet du tsunami d'Indonésie en 2004 ont été effectuées notamment au sujet du rôle protecteur des mangroves (source).

C'est pourquoi en 1978, les récifs coralliens qu'on appelle aussi « madrépores » ont été déclarés espèces protégées à la Martinique par arrêté préfectoral 78-1530 AES/B2.

Extrait de l'arrêté préfectoral 78-1530 AES/B2

Voici une raison de plus de préserver les coraux. Mais vraisemblablement, les autorités ne prennent pas la mesure de l'importance des bénéfices engendrés par les récifs coralliens pour nos îles puisqu'elles ont programmés la destruction de récifs coralliens. 13 ha de la caye (=banc de récifs coralliens) de la Grande Sèche,  située au cœur de la baie de Fort-de-France, sont menacés de destruction (arrêté préfectoral 2013 283-0008) pour être utilisés comme vulgaire matériaux gratuits destinés à l'extension de Fort-de-France.
Pour empêcher ce gâchis, signons la pétition ! A partager sans modération !

dimanche 28 juin 2015

C'EST QUOI LES CORAUX ?

On parle souvent des coraux en insistant sur leur importance. Mais quelle est la nature des coraux ? Animale, minérale ou végétale ? Comment et dans quelles conditions les récifs coralliens se forment-ils ? 50% des récifs coralliens ont disparu en près de 50 ans. Pourquoi ?

Petite patate de corail photographiée sur la Caye de la Grande Sèche, site menacé par les autorités.

Animal, minéral, ou végétal ?
Les trois à la fois !! Mais tout d'abord, le corail est un animal de la famille des Cnidaires (comme les méduses, les anémones,...) qui ressemble à une méduse retournée. Ce petit organisme de quelques millimètres se fixe par son pied à son support et, avec les tentacules réparties autour de sa bouche, capture des proies de très petite taille.

Cet animal appelé polype vit en symbiose (= association étroite gagnant-gagnant) avec une algue microscopique, la zooxanthelle, qui demeure dans l'organisme du polype. En échange du CO2 que lui apporte le polype, cette algue va fournir, grâce à la lumière du soleil, des sucres et de l'oxygène (c'est la photosynthèse) dont a besoin le corail pour sa croissance. Cette petite algue va aussi donner au corail sa couleur (sans elle, il est blanc !). Ces deux espèces ne peuvent survivre longtemps l'une sans l'autre.
Enfin, le polype va construire un squelette calcaire (carbonate de calcium) en utilisant notamment le CO2 dissout dans l'eau de mer. 

C'est ce squelette qui constitue l'élément minéral du corail. Il peut prendre des formes extrêmement élaborées et subsiste après la mort du corail. Ainsi, les grands récifs du monde sont constitués de milliers de générations de polypes morts. Le plus grand édifice coralliens, la Grande Barrière de corail, s'étend sur 344 000 km2 ! 

Du polype de corail au récifs coralliens
S'il trouve un environnement favorable, le corail va se développer en croissant plus ou moins rapidement selon son espèce et les conditions du milieu. Certains coraux sont dits «  à croissance rapide » (jusqu'à 25 cm par an), d'autres « à croissance lente » (de 0 à quelques millimètres par an). On choisit les premiers pour former rapidement des récifs coralliens par bouturage, souvent du genre Acropora. 

Cependant (comme leur nom ne l'indique pas !), les récifs coralliens ne sont pas composés uniquement de coraux; d'autres animaux y sont associés comme les éponges, les gorgones, les ascidies...Ces animaux sont dits « filtreurs » car ils se nourrissent en captant leurs aliments par filtration de l'eau.

Eponges, gorgones et autres animaux "filtreurs"sur la caye de la Grande Sèche, site menacé par les autorités.

Un concentré coloré de biodiversité
Les récifs coralliens constituent de véritables forêts tropicales sous-marines !
En plus d'assurer une photosynthèse (absorption de CO2 et production d'O2), on y trouve de très nombreuses espèces, soit en tout de 1 à 9 millions d'espèces selon certaines estimations. Une grande variété d'animaux y est attirée pour différentes raisons:
  • le nettoyage de coraux (ex: le poisson-chirurgien ou le poisson-perroquet qui se nourrissent des algues qui recouvrent les récifs)
  • la présence d'abri ou d'un support (ex: le célèbre poisson-clown qui trouve refuge dans les tentacules venimeuse de l'anémone de mers)
  • la reproduction (d'où la présence d'un grand nombre de jeunes poissons ou de juvéniles)
  • la présence de proies potentielles pour les animaux qui se nourrissent de tous ceux cités plus haut (ex: la tortue, le requin, le poisson-lion,...)
  • ...
La biodiversité des récifs coralliens
Un écosystème exigeant...donc fragile !
Quelles sont les conditions idéales pour la croissance du corail ? L'eau ne doit pas contenir trop de particules qui risqueraient d'étouffer les polypes. La micro-algue a besoin d'une eau tiède, le plus souvent entre 25 à 30°C, et est très sensible aux variations de température.
 Pour assurer la photosynthèse, la lumière du soleil doit lui parvenir. Le corail ne peut donc vivre que dans des milieux à faible turbidité, autrement dit dans les eaux claires, et à des faibles profondeur.
 Enfin, les coraux tout comme les mangroves s'épanouissent dans des eaux saumâtres, c'est-à-dire à une salinité intermédiaire entre celle de l'eau douce et celle de l'eau de mer . C'est pourquoi les coraux se trouvent généralement à proximité du côtes.

Un rétrécissement de la couverture corallienne alarmant !
Apparus il y a environ 500 millions d'années, les récifs coralliens sont des écosystèmes riches et essentiels à la vie sous-marine. Mais les surfaces recouvertes de coraux en bonne santé se réduisent comme une peau de chagrin; 50% des récifs coralliens présents dans les années 60 sont aujourd'hui morts ou détruits !
Des coraux morts. on peut voir qu'ils sont blancs, signe qu'il ne contiennent plus de zooxanthelles, et qu'il y a des amas d'algues, un autre signe de mauvaise santé. La biodiversité y est très faible.
Quelles sont les causes de ce désastre écologique silencieux ?
  • le réchauffement climatique qui augmentent la température des océans (nuisible aux aux zooxanthelles)
  • l'acidification des océans qui empêchent aux coraux de synthétiser du calcaire et ainsi construire leur squelette
  • les différentes pollutions (pesticides, micro-plastiques, effluents des bateaux,...)
  • certaines méthodes de pêche industrielle qui raclent les fonds marins
  • les infrastructures côtières qui, à la fois, polluent et causent la destruction de récifs coralliens pour en faire des matériaux de construction. C'est le cas actuel de la Martinique où 18 ha de récifs coralliens ont été arrachés en 1999-2001. Et actuellement, la destruction de 13 ha est autorisée sur le même banc récifal pourtant riche d'une biodiversité unique à la Martinique, la caye de la Grande Sèche, tout cela en dépit de les lois en vigueur.
    Un extrait du dossier de demande d'autorisation des travaux. On peut voir la zone de la première destruction de 18 ha (zone en bleue), il est est prévue de détruire 13 ha à proximité de cette zone. Petit à petit, la Grande Sèche sera grignotée au gré des travaux à proximité... 
  • le tourisme (certains plongeurs peu précautionneux abîment le site qu'ils sont venus admirer ! Et certains composés de crèmes solaires seraient nocives pour les coraux)
  • les cyclones (une houle puissante peut endommager les récifs coralliens)
  • certains prédateurs devenus invasifs (Acanthaster planci)

Si vous avez bien lu et bien compris, vous pourrez dire pourquoi:
  • on associe aux coraux : biodiversité, protection des côtes, tourisme de plongée, soutien à la pêche et épuration des eaux
  • la blancheur des récifs coralliens est signe de mauvaise santé
  • la disparition des coraux est liée aux activités humaines

Sinon vous pouvez attendre un prochain article qui expliquera le rôle essentiel des coraux pour la nature en général et l'homme en particulier...N'oubliez pas de vous abonner (en haut à droite) et de signer la pétition !